Marteler, c’est désigner l’arbre qui va être abattu à la prochaine exploitation… Mais cela va bientôt au-delà. Car le martelage, c’est aussi :
- décider qu’un arbre sera enlevé pour profiter à un autre
- acter qu’un arbre, ici, a atteint son optimum économique et le diamètre d’exploitabilité
- prendre conscience que cet arbre risque de dépérir dans les années à venir
- privilégier telle essence au détriment de telle autre
- offrir de la lumière à ces semis et à cette régénération qui constitue l’avenir de la forêt
- aider encore le houppier de cet arbre-là à rester bien vert en enlevant des tiges du sous-étage, et à rester bien équilibré
- sécuriser ce sentier qui traverse la parcelle et au-dessus duquel des arbres penches
- prendre aussi en compte ce trou de pic ou ce champignon
- choisir de laisser l’arbre sur la parcelle pour la biodiversité
- tenir compte des objectifs du propriétaire, de la situation de la parcelle, de l’évolution du climat.
Bref, le martelage, c’est cet acte majeur par lequel le forestier dessine la forêt de demain et par lequel il met concrètement en œuvre l’ensemble de ces réflexions.
La responsabilité est donc lourde car désigner un arbre qui a 100 ou 200 ans, c’est acter l’abattage d’un arbre . C’est aussi parfois enlever de plus jeunes tiges mais toujours au profit d’autres tiges qui vieilliront encore et atteindront des dimensions importantes.
Et oui, être forestier, c’est donner du sens à l’action d’abattre un arbre. C’est donc faire en sorte que la forêt se renouvelle sur elle-même. Pour cela, il faut avoir conscience qu’un arbre ne doit être enlevé que si c’est justifié.
Apprendre le martelage :
Alors pour arriver à cela, les étudiants doivent apprendre. Ils doivent d’abord saisir la théorie, sur la sylviculture, sur la croissance des arbres, sur leur adaptation à une station donnée ou leur utilisation… Ils doivent également appréhender l’éthique pour avoir conscience de la nécessaire durabilité de cet écosystème qu’est la forêt et de la première de ses richesses : le sol.
Ils doivent enfin mettre en pratique et se mettre en situation pour décider, réfléchir ensemble, maîtriser aussi le geste pratique du coup de marteau ou de la griffe…
Cette semaine, c’est donc à cette belle action qu’est le martelage que se sont confrontés les étudiants du BTSA Gestion Forestière de l’ISETA.
Dans la forêt domaniale de La Rena, dans l’Ain et près de Bourg-en-Bresse. Ils étaient entourés par les techniciens de l’ONF. Ainsi, les étudiants ont façonné la forêt de demain et en l’occurrence une belle parcelle de chêne, aux problématiques nombreuses.
Une belle journée de terrain donc, de nombreux échanges surtout, une multitude d’apprentissage.
Un grand merci à ces techniciens de l’ONF qui, chaque année, prennent de leur temps pour former les étudiants et transmettre leur savoir de terrain.
Sylvestre Vernier, Co-responsable du BTS Gestion forestière temps plein