Aline NEVEZ, enseignante sur le site de Poisy, a entrepris, pendant les congés scolaires d’automne, un « job-shadowing » ou stage d’observation professionnel, dans le cadre du programme Erasmus +. Ces mobilités pour les personnels de l’enseignement scolaire permettent d’organiser des stages dont l’objectif est l’acquisition de nouvelles compétences et connaissances au contact d’un collègue européen qui accepte de l’accueillir au sein de son établissement.
Après la prise de contact, Aline a choisi de rejoindre l’Islande, direction le lycée Borgarholtsskoli à Reykjavik. Au programme : découverte de pédagogies innovantes auprès des nouveaux collègues et élèves islandais, enseignement du français et interventions en classe.
Le job shadowing ou stage d’observation
Pendant 2 semaines, Aline a pu suivre les enseignants du lycée avec 3 axes de découverte : les cours « Gender equality studies », « Special Needs education » et les langues. L’enseignant accueilli reçoit un planning hebdomadaire des cours qu’il suivra, mais la plupart de l’équipe enseignante islandaise l’a volontiers accueillie dans d’autres cours, ayant plaisir à partager et échanger avec des visiteurs européens… en anglais, évidemment ! Les discussions se sont parfois prolongées par des interviews pour nourrir un rapport de fin de stage.
Hannah BJÖRG : une rencontre unique
Hannah est enseignante en sociologie et « life skills », l’équivalent d’un cours alliant citoyenneté et éducation socio-culturelle. L’Islande est réputée être une démocratie particulièrement ouverte sur le plan des droits humains, mais l’enseignante souhaitait voir l’école s’engager davantage et elle décidera de créer un nouveau cours – « Gender Equality Studies » – dédié à l’égalité homme femme ainsi qu’aux minorités au sens large. Considérée comme pionnière dans cet enseignement, elle y aborde, avec simplicité, des thèmes aussi délicats que les violences intrafamiliales, la prostitution, le féminisme, les droits LGBT, la transsexualité, la pornographie, les réseaux sociaux, le harcèlement, la chirurgie esthétique, etc.
Le programme a été présenté au Ministère de l’Education, validé puis étendu à l’ensemble des lycées d’Islande. Hannah a ensuite été invitée aux Etats-Unis et en Europe du Nord sur des cycles de conférences autour de cet enseignement.
Mais qu’en est-il ailleurs en Europe, en France ? Ces sujets restent-ils encore assez tabous et cantonnés à la sphère privée ? L’école française doit-elle plus largement investir ces sujets de société ? A travers quelques interviews de jeunes européens, et de moins jeunes, aussi, Aline tente de compiler quelques regards croisés sur ce thème, une humble photographie sur notre actualité.
Inclusion des personnes en situation de handicap : une loi, deux réalités
Cette immersion a permis à l’enseignante de découvrir un autre système d’inclusion des jeunes en situation de handicap. La vision islandaise allie pédagogie sur mesure encadrée par des professionnels qualifiés avec un enseignement plus « conventionnel » dans un même lieux. Tout est mis en œuvre pour mettre le handicap au cœur de la société. Au lycée Borgarholtskoli de Reykjavik, les jeunes en situation de handicap sont accueillis au sein d’une section dédiée. Ils bénéficient de cours spécialisés le matin puis sont ensuite inclus dans des cours conventionnels au choix, pour suivre les cours qui les animent et qui répondent à leurs projets professionnels. Ainsi, un jeune peut choisir des cours de chant, carrosserie et natation pour compléter sa formation « Special Needs ». Une autre approche européenne, donc, de l’inclusion en milieu scolaire, qui permettrait d’ouvrir à nouveau le débat ?
Un week-end dans le nord du pays
Le week-end a permis à Aline de se rendre dans un second établissement – Menntaskolinn – à Akureyri, dans le nord du pays, accueilli par Kristin, chargé de coopération internationale et professeur de d’Histoire Géographie. Une visite guidée chaleureuse, dans cette école du bout du monde où trône encore une vertèbre de baleine !
En raison de sa proximité avec le Cercle polaire, Akureyri s’est aussi lancée des défis innovants en matière d’agriculture, avec la création d’une jeune ferme urbaine associée à un hôtel-restaurant, qu’Aline a pu visiter. Grâce à l’énergie géothermique, il est possible de faire pousser des plantes « exotiques », avec des équipements techniques abordables, selon le technicien, Daniel. Dans cette ferme poussent tomates, basilic, blettes, piments et coriandre, utilisés directement par le chef, dans le restaurant. Un circuit fermé de la graine à l’assiette. Des stages pour les élèves et étudiants de l’ISETA-ECA pourront être envisagés. Avis aux amateurs !
Ce qu’Aline retient de son expérience Erasmus +
Pour Aline Nevez, il est important qu’un(e) enseignant(e) se forme tout au long de sa carrière. Pour se nourrir et continuer à transmettre. Aller au contact des collègues européens permet une remise en question, une ouverture d’esprit. L’ISETA-ECA s’associe à l’enseignante et remercie chaleureusement Erasmus + de permettre aux enseignants ce renforcement des liens en Europe ainsi que la dissémination des valeurs européennes d’éducation et de paix.
Ce projet a été réalisé dans le cadre du programme ERASMUS +