Pendant longtemps, des zones forestières ont évoluées sans desserte. On ne s’en préoccupait pas, on y menait jadis paître les animaux dans des pâturages au bout d’un sentier avant même qu’il n’y ait de la forêt, on récoltait ensuite le bois avec des méthodes difficiles, dangereuses (lançage, schlittage) ou moins rentables (cheval…) ou on le transformait sur place pour mieux le déplacer (charbon…).
On peut regretter cette époque mais, outre le fait que les techniques de récolte du bois, ont évolués avec des tracteurs nécessitant maintenant la création de pistes forestières ou des grumiers demandant des routes forestières moins pentues et plus solides, de nouveaux enjeux sont apparus, avec des risques naturels plus importants (urbanisation…), des risques incendies ou le besoin de faire une sylviculture plus fine et plus raisonnée pour limiter les coupes à impact fort. Et pour tout cela, il faut de la desserte.
Alors lorsque Fanny Godet, ancienne étudiante de la promo 47, nous a avertit qu’elle réalisait un chantier sur la commune de Doussard, nous avons modifié l’emploi du temps pour expliquer et montrer cela aux élèves. Car dans les Alpes, si les projets simples de desserte ont été réalisés, restent les plus ambitieux, avec plusieurs propriétaires, avec des virages et des épingles nécessitant de maîtriser les rayons de courbure et les pentes, avec des géologies parfois difficiles justifiant de bien réfléchir en termes de déblais, de remblais ou de matériaux à apporter…
Et tout cela ne s’improvise pas… Du piquetage à la réception, la conception de route forestière est une chose à part, technique et couteuse mais au combien nécessaire pour répondre à tous les défis des forêts de demain.
Durant cette journée, Fanny nous l’a parfaitement montré autour de cet exemple concret, expliquant les possibles comme les incertitudes ou les difficultés, montrant comment l’on passe de la théorie vue en cours (car il y a encore un cours de route à l’ISETA à Poisy) à la réalité de terrain. Avec l’aide de sa collègue référente desserte pour l’agence Savoie Mont Blanc, les étudiants ont pris conscience de l’importance de ces projets, autant dans leur définition que dans leur ambition et leur réalisation.
Sans desserte, point de sylviculture, point de défense contre les incendies, point de récolte du bois local, point de gestion contre les risques naturels… Il est bon d’en avoir conscience et grâce à cette journée, en plus d’avoir appris de multiples choses, les étudiants en sont ressortis bien confortés dans cette vision.
Sylvestre Vernier – co-responsable du BTSA Gestion Forestière, temps plein
