Dans la forêt comme dans tant d’autres disciplines, il y a des classiques, des forêts magnifiques qu’il faut parcourir au moins une fois dans sa vie, des forêts emblématiques de l’histoire forestière ou de l’histoire du monde, des forêts célèbres pour leurs arbres ou leurs peuplements…
On pourrait ainsi citer la forêt de Fontainebleau, célèbre autant pour ses blocs d’escalade que pour son école de peinture de Barbizon qui a vu les artistes comme premiers protecteurs de la forêt. On pourrait citer Tronçais et sa célèbre chênaie Colbert. On pourrait citer les Faux de Verzy aussi pour leurs hêtre tortillard…
En Suisse, l’une ces forêts, située non loin du canton de Neuchâtel, est ainsi célèbre et fait partie de l’histoire forestière européenne car elle a vu depuis 1881, une gestion en futaie jardinée se mettre en place, à l’initiative d’un forestier célèbre Henry Biolley.
Déjà à l’époque, ce visionnaire avait compris que l’on pouvait gérer la forêt durablement sans faire de la plantation, en évitant les grandes coupes de régénération et en procédant par cueillette d’un arbre de ci ou de là, comme dans une sorte de jardinage. Et sa méthode, traduite à l’époque dans le document d’aménagement de la forêt, est encore appliquée aujourd’hui, traduisant sa pertinence, son intérêt par rapport à une multifonctionnalité souhaitée des forêts et tout le travail des forestiers actuels et passés qui ont su prendre soin de cet héritage.
On vient donc à Couvet un peu en pèlerinage pour découvrir cela mais aussi pour découvrir le fonctionnement complètement différent de la filière forêt bois en Suisse avec un seul organisme garant de la gestion durable des forêts et seul habiliter à marquer les arbres à couper en forêt publique comme en forêt privée.
C’est ce qu’on fait les étudiants de BTSA Gestion Forestière temps plein 2ème année pour terminer leur formation et s’ouvrir l’esprit, observant ici une gestion forestière exemplaire, percevant là les travers d’un abandon de la coupe d’arbres en forêt, observant des arbres d’exception et de plus de 50 m, travaillant encore ici à un exercice pratique de désignation virtuelle des tiges à abattre, réfléchissant aussi sur les différents d’organisation de la filière entre nos deux pays, percevant enfin et de façon plus globale tout l’intérêt d’aller parfois voir ailleurs pour apprendre d’autres pratiques.
A Couvet, ce sont ainsi des pratiques du passé, élaborées il y a 140 ans, qui viennent nous montrer le chemin de pratiques d’avenir et qui nous questionnent aussi sur un fonctionnement, une approche de la foresterie et presqu’une philosophie au sujet des forêts complètement différentes de ce que l’on voit en France.
Un grand merci à Alix Mercier qui nous a gentiment reçu et a fait perduré ce bel esprit de la foresterie Suisse et cette tradition du bel accueil, au garde forestier local qui nous a transmis tant d’histoires sur cette forêt, à l’école des sciences forestières de Zollikofen qui a mis au point une application si bien faite pour la réalisation de l’exercice du marteloscope, et à Grillet, compagnie de bus habituelle du BTS pour la longue journée avec un départ très matinal et un retour un peu tardif…
